«Simone Veil, l’aube à Birkenau» : les confidences intimes d’une grande dame
David Teboul a recueilli pendant plusieurs années les confidences de Simone Veil. L’occasion de découvrir une femme libre, tolérante, mutine aussi, dont on entend la voix, comme jamais.
Extrait
« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n’avaient ni argent ni vêtements à m’offrir, c’est une voisine qui m’a secourue avec une robe et des sous-vêtements. Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation. Il n’y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n’avaient pas pu emporter. Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée. J’y voyais un symbole. Nous n’avions rien à quoi nous raccrocher. Ma sœur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre. Nous faisions semblant de vouloir continuer. » Récit recueilli par David Teboul.
David Teboul est cinéaste, photographe et vidéaste. Il était l’artiste invité le 1er juillet 2018 pour l’entrée de Simone Veil au Panthéon.Il sera également l'invité du GIL et de la Licra-Genève en 2020 pour présenter son livre en partenariat avec la Librairie Payot.