Manuel Tornare
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Réseaux sociaux: des maux sous les mots…
« Des mots peuvent « tuer » plus que des balles ! » aurait dit de Gaulle en 44 à propos de la condamnation à mort du collabo écrivain-journaliste, rédacteur de l’abject journal « Je suis partout », R.Brasillach.
L’utilisation et le détournement des images, on connaît ; la responsabilité de la portée des mots ou paroles écrites a toujours été un sujet grave et controversé, avec une gradation selon les cas bien-sûr, question sens et responsabilité. Mais aujourd’hui, du support papier (journaux ou livres) au support numériques, les dérives vénielles ou gravissimes ont été amplifiées considérablement vu l’accès à la portée de tous de cette technologie.
Ces derniers mois la Licra-Genève (association qui lutte en Europe depuis des lustres contre les discriminations, l’antisémitisme,l’homophobie) est intervenue à de nombreuses reprises pour faire enlever des commentaires racistes qui prolifèrent sur les réseaux sociaux (ou en marge d’articles parus dans la presse en ligne). Autant d’attaques, d’insinuations, d’insultes qui ne s’embarrassent pas de précautions argumentatives, de réflexions opérantes, qui font fi du respect de la forme ou de la loi. Dans ces posts : Noir.e.s = singes, dealers = migrant.e.s, musulman.e.s = terroristes, sans oublier les juifs ou les gays…
La Licra n’entend pas tolérer ces discours qui stigmatisent les individus en utilisant des biais raciaux afin de mettre en œuvre une pensée discriminante : s'il existe une relation entre la couleur de la peau et le trafic de drogue, par exemple, il faut l’expliquer ou se taire.
L’amalgame est un artifice de langage utilisé pour escamoter le débat de fond. Leurs auteurs le savent mais se rattrapent en invoquant - avec une fausse naïveté - la surprise face aux réactions ou le déni insincère agrémenté de justifications peu crédibles (« je ne suis pas raciste, car… ») ou en se victimisant.
Sur le problème du deal, grave et inadmissible, certains ont préféré stigmatiser une partie des responsables, les vendeurs - certes condamnables et à poursuivre avec fermeté - sans analyser en amont les causes et la chaîne des responsabilités : producteurs de drogues, magnats de la distribution de celles-ci, souvent bien installés chez nous !, et les consommateurs, car pas de dealers sans ces derniers !
Rappelons que manque d'explication ne fait que renforcer le racisme, ce que condamne l’article 261bis du code pénal, voulu et voté par le peuple et que le Parlement, en septembre, à fortifier (lutte contre l’homophobie).
Quant à la parole raciste qui se libère et se banalise aujourd’hui sur le Net, elle est de plus en plus le fait de personnes engagées et suivies (avocats, sportifs, metteurs en scènes, conseillers nationaux, notables, etc…) s’exprimant loin des discours policés, soignés et nuancés qu’ils tiennent habituellement dans les médias traditionnels où les journalistes peuvent pleinement jouer un rôle dialectique de contradiction.
Leur audience est souvent jeune, ils le savent !
Selon une étude de la HES de Zurich, réalisée en 2016, quatre utilisateurs quotidiens des réseaux sociaux sur cinq ont entre 12 et 19 ans et plus de neuf sur dix ont un profil sur un réseau social.
Le mode d’emploi des réseaux sociaux n’est plus technique, mais éthique.
Comment se sortir de ces dérives aux conséquences douloureuses et envahissantes ?
En racisant un groupe, une population, en passant sous silence les problèmes politiques, économiques, culturels, inhérents à toute société humaine, ces individus privent délibérément ce groupe, cette population, de la possibilité d’un avenir commun et partagé et contribuent a ancrer cette pensée discriminante dans la tête de jeunes gens dont l’esprit critique est en cours de formation.
Laisser faire, ce n’est pas seulement accepter de priver des femmes et des hommes de leur dignité, c’est aussi laisser le lien social se déliter et le vivre ensemble s’affaiblir dangereusement.
Il est urgent d’agir, ensemble, sur Internet et les réseaux sociaux, mais également sur le terrain, dans les écoles, les entreprises pour que ces mots qui blessent aujourd’hui certaines femmes et certains hommes ne finissent pas par tuer une société tout entière.
texte paru dans la Tribune de Genève le 19 octobre 2018